Exposition "Le geste et la matière"
La Ferme de Corcelle a accueilli du 23 au 31 mai 2015 la plasticienne
Elisabeth Gachot-Merck
Installée à coté de Paray le Monial, Elisabeth Gachot-Merck s'est initiée à l'art et à la technique de la Tapisserie à l'Ecole des Arts Décoratifs d'Aubusson. Son travail repose sur l'exploration et l'utilisation de nombreux matériaux qui recèlent une force d'expression à découvrir et magnifier : tissus, bois, géotextile, il s’agit pour l'artiste de les réordonner d'après son image intérieure. De sa formation préalable de graveur (Beaux-Arts de Strasbourg), elle a gardé le goût des jeux d'Ombres et de Lumières. Elle définit son œuvre comme " un travail sur la matière " : pour elle, création ne peut aller qu'avec évolution : Ce qui m’intéresse affirme-t-elle c'est la recherche. Créer c'est aborder des matériaux variés et les maitriser : c’est ainsi qu’elle se consacre aux sculptures sur bois, aux sculptures textiles murales et aux personnages totem. Sa pensée libérée et son geste naturel, donnent naissance à une œuvre originale et personnelle, mêlant rêves et réalité, couleurs et obscurité. « Les tapisseries et les sculptures d'Elisabeth Gachot-Merck combinent imagination, humour et matériaux insolites, donnant naissance à une œuvre originale et personnelle où la gestuelle tient un rôle primordial et fondateur (...) ». A Klitgaard.
Une fois encore, La Ferme de Corcelle a pu mettre en valeur la diversité et la richesse du travail d'une artiste, en jouant sur les lieux et leur mise en lumière.
La salle d’exposition révèle le travail d'Elisabeth Gachot-Merck sur l’écriture, 12 stèles issues du même chêne, ce qui donne à l'ensemble une extraordinaire unité. L'ambition de l'artiste a été de rassembler en un choix aléatoire et en 12 stèles sculptées l'évolution de l'écriture des origines à nos jours. Issues d'un même tronc comme autant de rameaux, ces stèles retracent la genèse du formidable mode de communication universelle qu'est l'écriture.
Chaque stèle s'insère dans un ensemble cohérent et repose sur une présentation historique et archéologique sublimée par la vision artistique et personnelle de l'artiste. Il s'agit pour elle de magnifier les signes de notre écriture par un travail inspiré, délicat et poétique, afin de mettre à l'honneur une tradition millénaire à l'origine de l'organisation de nos civilisations.
"Mettre de l'ordre dans le chaos, tel est le pari de l'écriture".
Voici quelques détails des écritures les plus anciennes: chinoise, égyptienne, cunéiforme, japonaise, maya, grecque, araméenne, runique...
L'artiste devant ses oeuvres
Dans la même salle, deux totems originaux, un travail plein d'humour sur le thème du couple, réalisé en exploitant les matières brutes.
"La représentation du Totem, signe et symbole, m'intéresse, lui donner une réalité artistique et personnelle m'interpelle... Aux origines il désignait le couple, cellule première de la société. Le couple, plus exactement "la paire", forme mâle et femelle, deux puissances complémentaires".
Le " Couple " dans la salle d’exposition
" Minotaure et sa femme " sous l’auvent
Au mur de la salle d’exposition, également, ont été accrochées les tapisseries de l’artiste : tapisseries sur un métier plat, (basse lisse) un travail extrêmement complexe, puisqu’il faut travailler à l’envers sans voir le dessin final, à la différence du métier vertical, (haute lisse) comme les tapisseries d’Aubusson.
Entièrement confectionné à la main d'après un carton original pouvant reproduire n'importe quel motif, classique ou contemporain, chaque tapis "points plats" est ainsi une œuvre d'art originale nécessitant entre 300 et 600 heures de travail par mètre carré.
" Imaginez un paysage cosmique où se dessinent non pas un seul, mais une multitude d’univers et dans ce foisonnement… notre bulle d’Univers ! "
Enfin, à l’entrée de la pièce, une série de sculptures, " les Muses "
Dans le Four à pain, un ensemble de Météorites, en bois et matériau composite, aux formes complexes et aux volutes puissantes
… et dans la Teck, deux Pyramides, finement ciselées :
Aux murs de l’auvent, un ensemble de géotextiles : " les matériaux recèlent une force d’expression à découvrir et magnifier. Tissus, bois, géotextile, il s’agit pour l’artiste de les réordonner d’après son image intérieure. "
" le mystère de la matière crée différents degrés de tension, entre sombre et lumineux, multipliant à l’infini les regards possibles " :
L’exposition a attiré plus de 70 visiteurs au vernissage , et suscité beaucoup d’intérêt et de questionnements. Madame le Maire de Châtenoy, Marie Mercier, et son adjointe à la culture étaient présentes, ainsi que l’adjoint de Madame la Conseillère Départementale, Monsieur Vincent Bergeret.
La fréquentation des lieux a été moins importante en semaine, manifestement tout le monde avait repris le travail après les longs week-end de mai. C’est dommage…
Rapide biographie :
Elisabeth est née en 1943 à Strasbourg (67 France).
En 1964 elle obtient le Diplôme National de Gravure (Beaux-Arts de Strasbourg), puis suit des cours d'orfèvrerie en élève libre.
En 1970, habitant la Creuse, elle rencontre un professeur des Arts Décoratifs d'Aubusson, M. Novion, qui l'initie à la tapisserie.
En 1974, elle ouvre un atelier à Volesvres (71600 Paray-le-monial), elle débute alors une période de recherche personnelle et d'expression graphique afin de créer des projets (le carton en terme technique) qu'elle tisse sur son métier de basse-lisse.
Suivent de nombreuses expositions en des lieux divers : Payern (Suisse), Galerie Marouska (Lyon), Galerie Rauscher (Strasbourg), Musée de la Marine (Paris)...
Sa recherche se développe et s'enrichit après un séjour au Centre for Fibre Art à GÖRLITZ (Allemagne). Sa création s'oriente vers les sculptures textiles et les "personnages totems". Elle choisit le bois et sa matière veinée pour sculpter et graver ses recherches oniriques.